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« Les instances de gouvernance du football mondial ne prennent pas les sujets environnementaux au sérieux »

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Si les principaux acteurs du sport mondial ont fait d’importants efforts ces dernières années pour mieux prendre en compte les problématiques environnementales dans l’organisation de leurs compétitions ; toutes les disciplines n’avancent pas au même rythme sur un tel sujet. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Didier Lehénaff, Fondateur de SVPlanète, livre ses analyses sur la prise de conscience de l’urgence climatique par le secteur sportif. Propos recueillis par Anthony Alyce et Karim Ghariani.

Selon un rapport dernièrement publié par WWF France, le dérèglement climatique pourrait fortement impacter la pratique sportive en France dans les années à venir. Les organisations sportives hexagonales sont-elles conscientes des risques pesant sur leurs activités ?

Le dérèglement climatique ne date malheureusement pas d’hier. J’ai commencé à alerter les différents acteurs du mouvement sportif sur les problématiques liées à l’environnement dès le début des années 2000. A l’époque, je travaillais à l’INSEP. J’ai ainsi pu conduire des entretiens avec des sportifs de haut niveau, des entraîneurs ou encore des DTN des 28 fédérations olympiques. La plupart des acteurs ne parvenaient pas à saisir les enjeux. Ils pensaient simplement que je cherchais à les empêcher de pratiquer leur sport. Le mouvement sportif français ne cherchait alors nullement à prendre en compte les enjeux environnementaux dans le développement de leur discipline respective. Heureusement, cela a commencé à réellement évoluer à partir des années 2010, grâce notamment au travail de fond mené par la mission développement durable du Ministère des Sports.

Sentez-vous aujourd’hui une réelle prise de conscience collective du mouvement sportif français concernant les dangers liés au dérèglement climatique ?

Historiquement, le monde du sport a été davantage porté vers les sujets sociaux et sociétaux. Et il a accumulé un certain retard sur les dossiers environnementaux. Par exemple, il a fallu attendre 2007 pour obtenir le premier bilan carbone d’un grand événement sportif organisé en France. Cela concernait à l’époque la Coupe du Monde de Rugby. Avant cette date, nous ne disposions d’aucune donnée chiffrée sur l’impact environnemental du sport !

La mission développement durable du Ministère des Sports a joué un rôle très important dans le rattrapage de ce retard en matière d’écologie. Elle a utilisé deux leviers pour accélérer la prise en compte des enjeux environnementaux par les acteurs du sport. D’un côté, elle a multiplié les actions de communication pour éveiller les consciences et diffuser les bonnes pratiques. De l’autre, elle a cherché à implémenter des critères d’éco-conditionnalité dans les relations entre secteur public et organisations sportives. Autrement dit : si une organisation sportive cherche désormais à obtenir une rallonge de subvention, elle a tout intérêt à mettre en place des mesures visant à limiter son empreinte carbone.

Toutes les disciplines avancent-elles au même rythme concernant la prise en compte des problématiques environnementales ?

« Les instances de gouvernance du football mondial ne prennent pas les sujets environnementaux au sérieux »
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