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Environnement / Social

« L’impact social du sport est aujourd’hui sous-évalué faute de critères fiables »

Abaca / Icon Sport

Au cours des dernières années, de très nombreux clubs professionnels français ont cherché à structurer leur politique RSE pour gagner en efficacité dans leurs actions. Si ce mouvement a permis de faire progresser l’ensemble des acteurs de l’industrie sportive sur les questions sociales ou environnementales ; peu de ressources sont consacrées à l’évaluation précise des actions menées. Un angle mort qui dessert l’ensemble du mouvement sportif. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Emmanuel Bayle, Professeur d’université en gestion du sport à l’UNIL et Co-Auteur de l’ouvrage de référence Sport & RSE, nous livre ses analyses à ce sujet.

De nombreuses organisations sportives professionnelles françaises ont cherché à structurer leur politique RSE au cours des dernières années pour gagner en efficacité dans leurs actions. A quoi est dû ce mouvement ?

Le sport a de tout temps eu un pouvoir social à travers le rôle éducatif ou encore d’insertion que lui reconnaissent un grand nombre d’acteurs de la société civile. Néanmoins, au cours des 30 dernières années, le sport professionnel – et notamment le football – a profondément évolué. Les enjeux économiques sont devenus bien plus importants. Et, à l’image du monde de l’entreprise, le sport a cherché à monter en puissance sur les sujets RSE. Un domaine d’autant plus important dans un secteur où il est essentiel de tisser des liens forts avec ses communautés pour réussir.

Ainsi, au cours des dernières années, de nombreuses organisations sportives françaises ont cherché à travailler de manière plus professionnelle leur politique RSE. Nous percevons désormais au sein du sport français des politiques mieux coordonnées, encadrées professionnellement et institutionnalisées via la mise en place de structures dédiées. Mais ce n’est pas un phénomène totalement nouveau. Aux Etats-Unis, la structuration de programmes RSE ambitieux a démarré il y a plus de… 40 ans ! On retrouve ainsi aujourd’hui des programmes très structurés au sein des sports US à l’image de NBA Cares qui fédère les actions sociétales de la ligue, des franchises et des joueurs de basket.

Quels sont les principaux facteurs qui contribuent à une telle évolution au sein du sport professionnel français ?

Les acteurs du sport ont subi, plus ou moins directement, des pressions externes provenant de leur écosystème, les poussant à accélérer progressivement dans leurs démarches RSE. En la matière, les acteurs publics ont joué, en France, un rôle prépondérant. Par exemple, plusieurs textes de loi ont été votés à partir des années 90 visant à redéfinir le cadre des subventions versées par les collectivités locales aux clubs professionnels. Ces subventions ont notamment été réorientées vers la formation mais elles ont aussi été, de plus en plus fréquemment, conditionnées à des missions d’insertion sociale par le sport.

Par ailleurs, au cours des 15 dernières années, on a assisté à une montée en puissance du sponsoring citoyen. Les entreprises investissant dans le sponsoring cherchent désormais à inclure un volet RSE de plus en plus important dans leurs accords commerciaux signés avec les clubs parrainés. Les sponsors sont demandeurs d’actions sociales, sociétales ou environnementales qu’ils viennent appuyer.

« Au cours des 15 dernières années, on a assisté à une montée en puissance du sponsoring citoyen »

Le mécénat a également été vivement encouragé à partir des années 2000. De nombreux clubs ont alors profité des aménagements législatifs pour lancer leurs propres structures dédiées aux actions sociales et sociétales. C’est le cas notamment de l’Olympique Lyonnais qui a donné naissance à sa fondation d’entreprise en 2007. A partir de 2008, les clubs ont également eu la possibilité de monter leur propre fonds de dotation, outil complémentaire venant appuyer le travail d’une fondation ou d’une association. Grâce à de telles structures, les clubs peuvent construire plus efficacement leur politique sociale, du financement à la mise en place opérationnelle des actions.

Enfin, les clubs professionnels de sport, comme dans d’autres secteurs d’activités, fonctionnent par mimétisme. Un fonctionnement qui a contribué à généraliser la structuration des politiques RSE au sein de l’ensemble du secteur. Les plus grands clubs ont donné le ton en structurant dès le début des années 90 leur politique sociale et sociétale à l’image du FC Barcelone ou de Manchester United. Des formations qui ont servi d’exemple à nos grands clubs français comme l’OL et le PSG.

Comment se traduit cette montée en puissance au niveau des organisations ? Des services dédiés à la RSE sont-ils mis en place au sein des organisations sportives ?

« L’impact social du sport est aujourd’hui sous-évalué faute de critères fiables »
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