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Interview

« Le modèle de Paris 2024 amorce le changement vers les Jeux de demain »

lazyllama / Shutterstock.com

Le 24 mars dernier, le Comité International Olympique annonçait le report des Jeux Olympiques de Tokyo d’un an en raison de la pandémie du COVID-19. Si cette décision a été saluée par l’ensemble du mouvement sportif, elle n’est néanmoins pas sans conséquence pour le CIO et les différentes fédérations internationales sportives, notamment sur le plan financier. Des incertitudes qui ont provoqué dernièrement la réouverture d’un débat plus large sur le format des Jeux Olympiques et leurs coûts. Me Julien Berenger, Avocat Associé chez Alcya Conseil et spécialiste des questions en économie du sport, nous livre ses réflexion à ce sujet.

Le CIO a pris pour habitude de redistribuer l’essentiel des revenus générés par les Jeux Olympiques aux différentes fédérations internationales. Qui, elles-mêmes, font redescendre les sommes auprès des différentes fédérations nationales. Le report d’un an des Jeux Olympiques de Tokyo ne risque-t-il pas de mettre en danger certaines fédérations internationales/nationales ?

Effectivement, le CIO distribue aux fédérations internationales olympiques, aux CNO (ndlr : Comité National Olympique), aux comités d’organisation des divers Jeux, aux athlètes et à l’AMA (ndlr : Agence Mondiale Antidopage) environ 90% des revenus qu’il perçoit. C’est une manne considérable pour le sport.

Le report des JO de Tokyo (s’ils peuvent se tenir) ne devrait pas impacter fondamentalement les revenus du CIO, du moins pas de façon immédiate, car les sponsors qui constituent la source principale de ses revenus sont engagés sur de longues périodes. Mais le report va entraîner des coûts importants pour le CIO qui vont mécaniquement diminuer la part pouvant être reversée au mouvement olympique.

Certaines disciplines n’ont pas fondamentalement besoin des subventions du CIO mais d’autres en sont dépendantes. Celles-ci sont aussi dépendantes de la tenue des JO. Elles vont être durement touchées par leur report et celui des compétitions internationales ou nationales qu’elles organisent.

Pour autant, on peut penser que le CIO va jouer son rôle en adaptant par exemple les modalités de redistribution pour soutenir prioritairement les disciplines qui en ont manifestement le plus besoin. On peut également imaginer qu’il va définir en contrepartie une feuille de route pour les inciter à se restructurer et à repenser leur organisation, ce qui pourrait même à terme être une condition de leur maintien dans le programme olympique.

Dans une tribune publiée sur Franceinfo, Guy Drut appelle le COJO de Paris 2024 et plus globalement le CIO à revoir le format des Jeux Olympiques pour le faire correspondre aux réalités de demain. Avant même l’irruption de cette crise, n’existait-il pas un problème avec le format des Jeux Olympiques d’été ? Pourquoi les villes ne se précipitent-elles plus pour organiser un tel événement ? Faut-il cesser d’inclure de nouvelles disciplines sportives à chaque édition ?

« Le modèle de Paris 2024 amorce le changement vers les Jeux de demain »
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