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Interview

« Le bouche-à-oreille reste le plus puissant média dont peut rêver un président d’association »

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A l’heure où la digitalisation des process et pratiques est régulièrement évoquée pour aider les associations sportives à redémarrer au mieux leurs activités ; se concentrer sur ses missions fondamentales constitue toujours une bonne recette pour fidéliser voire recruter de nouveaux pratiquants. Thierry Nauleau, Consultant spécialiste de l’économie du sport amateur, nous livre ses réflexions sur le rôle que doit jouer le numérique dans la vie d’une association sportive. Entretien.

Ces derniers mois, de nombreux acteurs du mouvement sportif français ont évoqué la nécessité de porter des projets de digitalisation pour reconquérir les licenciés lors de la reprise des activités. Quel rôle peut jouer le digital en matière de recrutement de nouveaux licenciés ? La conquête et la fidélisation des adhérents passeront-t-elles exclusivement par le déploiement de projets digitaux ?

Le numérique apporte des facilités indéniables lorsqu’il s’agit d’analyser les comportements d’un groupe d’individus ou de leur adresser des informations de façon personnalisée. Pour autant, cela suffit-t-il à attirer de nouveaux pratiquants ou licenciés ?

Je reviens à la question de fond : comment un individu choisit-il, aujourd’hui, une nouvelle activité sportive ? La médiatisation, en particulier celle des réseaux sociaux, influence le choix. Mais ce choix est presque systématiquement validé par l’avis d’un proche. J’avais mené une enquête en 2015 sur cette question et il s’avérait, à l’époque, que toutes générations confondues, la recommandation d’un proche intervenait comme premier facteur influençant le choix d’une nouvelle pratique. Cette recommandation peut aussi bien venir du cercle familial, que des amis via les réseaux sociaux.

Autrement dit, je pense que la digitalisation peut considérablement augmenter la pression médiatique d’un sport, voire d’un club, mais cela n’est qu’une partie de l’équation. J’ai d’ailleurs constaté que les clubs associatifs qui augmentent leur nombre de licenciés par la fidélisation y parviennent parfois sans site internet.

« La recommandation d’un proche intervient comme premier facteur influençant le choix d’une nouvelle pratique »

La raison ? Le bouche-à-oreille favorable qui reste, selon moi, le plus puissant média dont peut rêver un président d’association. On peut travailler le bouche-à-oreille en misant sur les fondamentaux d’un club. C’est-à-dire en soignant l’enseignement de la pratique, de façon à prendre rapidement du plaisir au jeu. En favorisant également l’intégration des nouveaux membres, afin qu’il se sentent accueillis, faisant rapidement partie d’une même famille.

Toutes ces choses sont du ressort des relations humaines. Vous ne pourrez jamais passer un bon moment avec votre smartphone. C’est un outil formidable mais ce n’est pas un ami. La fidélisation passe inévitablement par une évolution de la relation entre les enseignants et les pratiquants.

De nombreuses startups de la sportech française ont émergé ces dernières années, proposant des solutions de digitalisation pour simplifier la gestion administrative, améliorer le suivi des performances sportives ou encore renforcer l’efficacité des actions marketing/commerciales des associations sportives. Comment les associations doivent-elles s’y prendre pour sélectionner les entreprises proposant des services adaptés à leurs besoins ? Est-ce le rôle des fédérations ou des collectivités locales d’aiguiller les associations vers les bons acteurs ?

« Le bouche-à-oreille reste le plus puissant média dont peut rêver un président d’association »
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