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« Depuis l’arrêt Bosman, le football est entré dans une logique où les frontières n’existent plus »

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L’application des accords de Schengen au football européen est-elle à l’origine du creusement des inégalités entre les clubs du Vieux Continent ? Sa remise en cause permettrait-elle d’inverser une telle tendance ? Afin de faire le point sur les conséquences de l’arrêt Bosman sur l’organisation et l’évolution du football européen, Ecofoot.fr s’est entretenu avec Loïc Ravenel, Docteur en Géographie et Collaborateur Scientifique au Centre International d’Étude du Sport.

L’arrêt Bosman, prononcé en 1995, a permis la pleine application des accords de Schengen – notamment la libre circulation des travailleurs – au sein du football européen. En quoi cet arrêt marque-t-il le début de la mondialisation du football ?

C’est une date facile à retenir car cet arrêt a chamboulé la discipline ! Avant l’arrêt Bosman, le football était préservé des effets de la mondialisation. La discipline était alors organisée autour de la nationalité des joueurs en raison des quotas mis en place au sein des différents championnats. Les clubs européens ne pouvaient pas compter plus de 3 à 4 joueurs étrangers dans leur effectif. Des restrictions qui s’appliquaient également aux joueurs de l’Union Européenne.

Via un tel fonctionnement, le monde du football souhaitait notamment protéger les sélections nationales tout en accordant une place prédominante aux joueurs nationaux, issus notamment des centres de formation locaux. L’idée sous-jacente était de conserver aussi une certaine identité au sein des clubs européens.

Sauf que la politique des quotas était contraire au droit européen. L’arrêt Bosman, prononcé en 1995, va alors autoriser la libéralisation du marché européen en considérant que le footballeur est un travailleur comme un autre au sein de l’Union Européenne. Les quotas ne pourront plus alors être appliqués aux joueurs possédant une nationalité de l’Union Européenne.

Outre la libéralisation du marché européen, la libre-circulation des footballeurs va également concerner d’autres régions du monde en raison des différents traités de libre-échange signés. Par exemple, les accords de Cotonou signés en 2000 vont permettre aux footballeurs des pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) de signer librement au sein de formations européennes. Finalement, les derniers quotas subsistant aujourd’hui concernent essentiellement les joueurs provenant d’Amérique du Sud, d’Amérique du Nord, d’Océanie et de certains pays asiatiques. Des quotas qui peuvent être d’ailleurs contournés facilement, à l’image des joueurs brésiliens ou argentins qui obtiennent assez facilement un passeport portugais, espagnol ou italien.

Depuis l’arrêt Bosman, le football est entré dans une logique où les frontières n’existent plus. Les clubs européens peuvent recruter autant d’étrangers qu’ils le souhaitent pour composer leur effectif.

A-t-on aujourd’hui des données précises sur le nombre de footballeurs étrangers évoluant dans chaque championnat européen ? 

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