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Shakhtar Donetsk : quel est l’impact de la crise ukrainienne sur le business model du club ?

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Club majeur du football Est-Européen en ce début de XXIème siècle, le Shakhtar Donetsk semble marquer le pas depuis le début du conflit frappant l’Ukraine. Si les événements géopolitiques ont des conséquences majeures sur l’économie du club, les dirigeants du Shakhtar ont néanmoins réussi à adapter temporairement leur modèle pour affronter cette période difficile. Décryptage…

Alors que le Shakhtar Donetsk avait pris pour habitude de remporter le titre national devant son rival du Dynamo Kiev (8 titres de champion entre 2005 et 2014), le rapport de force s’est inversé la saison dernière. Si le club de la capitale ukrainienne est également touché par la crise qui frappe le pays, c’est bien le club du Donbass qui en subit les conséquences le plus durement.

En effet, depuis la fin de la saison 2013/2014, le club minier s’est vu dans l’obligation de déménager à l’Ouest du pays pour fuir le conflit. C’est donc à Kiev que l’équipe s’entraine, avant de jouer ses matchs à l’Arena de Lviv, soit tout de même à plus de 1 000 kilomètres de sa ville d’origine. Et si ce stade de 35 000 places construit pour l’Euro 2012 a des arguments à faire valoir, il ne peut remplacer l’ultramoderne Donbass Arena – 52 000 places – sans porter préjudice aux finances du club.

Si l’entrée dans le nouveau stade de Donetsk en 2009 avait représenté un franc succès, les affluences ne sont évidemment pas comparables à Lviv : le club est ainsi passé de plus de 35 000 personnes de moyenne par match, à moins de 1 000 spectateurs lors de certaines rencontres de championnat. Dur changement, qui se répercute donc dans les comptes : les recettes billetterie du club ont été divisées par 4 en l’espace d’un an. Elles représentaient 25% des revenus du club hors transferts en 2014 contre seulement 4,6% en 2015 !

Comment le Shakhtar a réajusté son budget ?

Et si le chiffre d’affaires du Shakhtar ne diminue pas depuis le début de la crise et bat même des records sur certaines saisons, deux facteurs clés sont à prendre en compte. Premier facteur : l’effondrement de la Hryvnia ukrainienne, devise locale. Celui-ci tend à enrichir le club lorsque ce dernier perçoit les primes de participation à la C1 versées par l’UEFA en Euros, et gonfle donc « artificiellement » ses résultats d’une année sur l’autre. Le revers de la médaille étant l’augmentation des dépenses : bon nombre de contrats se négocient en devises réputées stables (Dollar, Euro), et la chute de la monnaie locale fait donc exploser la masse salariale comme cela a pu être le cas en Russie notamment.

Deuxième facteur : les ventes record enregistrées par le club. Il s’agit-là d’une conséquence directe du point précédent, le club ayant besoin de compenser les différents manques à gagner tout en faisant diminuer sa masse salariale. C’est ainsi qu’en l’espace de 3 ans, les départs de 5 joueurs majeurs (Mkhitaryan, Douglas Costa, Willian, Fernandinho et Alex Teixeira) ont permis au Shakhtar d’encaisser environ 180 M€, soit plus que sur l’ensemble de l’histoire du club ! Rien d’étonnant donc à ce que les recettes de transferts représentent près des deux tiers du budget 2014/2015.

Si la réorientation de la politique économique du club a eu d’importantes conséquences immédiates – perte du titre lors de la saison 2015-16, absence en C1 lors de cette édition 2016-17… – le Shakhtar Donetsk a depuis retrouvé de la vigueur sur le plan sportif. En ce début d’exercice 2016-17, le club domine son championnat en caracolant en tête et il a remporté ses deux premières rencontres de phase de poules d’Europa League. Malgré les problèmes rencontrés par le pays, le Shakhtar peut notamment toujours s’appuyer sur son réseau de joueurs brésiliens restés au club à l’image de Bernard. Cependant, seul un apaisement de la crise ukrainienne se traduisant par un retour à Donetsk  permettra au Shakhtar de retrouver sa belle croissance économique et sportive, entrevue avant l’éclatement du conflit.

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Source photo à la Une : Flickr.com (Aleksandr OsipovCC BY-SA 2.0)

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