Politique / Droit

Le Maroc a-t-il une chance d’organiser la Coupe du Monde 2026 ?

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Nous publions aujourd’hui la suite de notre entretien avec Jean-Baptiste Guégan, Spécialiste des questions géopolitiques et Auteur de La Géopolitique du sport, une autre explication du monde, au sujet de la future attribution de la Coupe du Monde 2026. Lors de cette deuxième partie, nous évoquons la candidature du Maroc tout en analysant ses chances de remporter l’organisation de l’épreuve.

Le Maroc a dernièrement exprimé publiquement sa volonté d’organiser le Mondial 2026. Le pays a-t-il les moyens d’organiser seul un Mondial au format élargi ?

La réforme Infantino qui pousse la Coupe du monde à accueillir 48 nations est une vraie limite pour les Etats désireux d’être candidats.

Plus d’équipes, cela signifie plus de stades, d’aménagements et d’infrastructures dédiés. Cela implique aussi plus de capacités hôtelières à mobiliser et plus de touristes à accueillir et encadrer, a fortiori en période de sécurité renforcée et de lutte antiterroriste.

Tout cela a un coût considérable qui se chiffre en milliards d’euros et suppose un Etat efficace et stable.

Enfin, les exigences de l’organisation d’une Coupe du monde supposent le soutien financier de top sponsors nationaux et de firmes transnationales capables de trouver un intérêt sur leur territoire national et à l’échelle globale. Or, d’Intel à Qatar Airways en passant par Wanda, Gazprom, Adidas, Hyundaï ou Coca Cola, elles sont rares et fortement concentrées dans quelques Etats parmi les plus développés. C’est une autre limite que ne peut affronter le royaume chérifien.

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Un tel constat invite donc à relativiser la capacité d’un Etat comme le Maroc à faire face au cahier des charges FIFA en vue de la Coupe du monde 2026. Malgré son envie, ses compétences et sa volonté affichée. Malgré certains atouts, il en va de même pour le Kazakhstan qui réfléchissait à l’opportunité de candidater.

Le Maroc ne cherche-t-il pas à se positionner pour accueillir une autre compétition sportive majeure en soumettant sa candidature pour la Coupe du Monde 2026 ?

Dans le cas du Maroc, 61ème nation en termes de PIB et 129ème au rang de l’indice de développement humain (IDH), la question de l’opportunité et des motivations de sa candidature se pose.

Aucune des conditions nécessaires ne semble être remplie pour être capable de concurrencer le projet nord-américain qui rassemble les première, dixième et quinzième puissances mondiales. Sauf à chercher autre chose et à se positionner pour d’autres échéances sportives ou non. C’est peut-être cela qu’ambitionne Mohammed VI pour son pays et ce serait aussi habile que logique.

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N’oublions pas non plus les démêlés que le Maroc a pu avoir avec la FIFA. Impliqué aux dires mêmes de l’organisation dans des affaires de corruption impliquant Jack Warner, l’ancien président de la CONCACAF, le Maroc a essayé d’obtenir en vain l’organisation des Coupes du monde 1998 et 2010, contre argent sonnant et trébuchant. Il n’est pas impossible que cette donnée joue aussi en sa défaveur.

Aujourd’hui, le nombre de candidats susceptibles d’accueillir seul de telles manifestations sportives globales, se réduit à peau de chagrin. Il se limite aux puissances mondiales (Etats-Unis, Chine), aux puissances occidentales traditionnelles (Allemagne, Grande Bretagne, France, Japon), aux grandes puissances émergentes et émergées dès lors qu’elles sont stables ou aux Etats gaziers et pétroliers aux capacités financières illimitées comme le Qatar.

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Le Maroc n’optimiserait-il pas ses chances en choisissant de co-organiser l’événement avec un pays frontalier ?

Avec si peu de possibilités, la solution de la co-organisation est une autre réponse à la lourdeur du cahier des charges et à l’inflation des coûts d’organisation et d’infrastructures. Mais cela ne résout pas tout.

Dans le cas du Maroc, seule une co-organisation pourrait lui être favorable pour bénéficier du soutien de toute la confédération africaine et réduire les coûts globaux. Cependant, on imagine difficilement dans le contexte actuel, une co-organisation avec l’Algérie et la Tunisie. Formidable sur le papier, une candidature du Maghreb apparaît intenable, peu durable et difficilement envisageable sur les plans économique, politique et sécuritaire.

Pour consulter la troisième partie de l’interview accordée par Jean-Baptiste Guégan   : https://www.ecofoot.fr/interview-jean-baptiste-guegan-chine-coupe-monde-2408/

Source photo à la Une : Wikipedia.org – CC BY 3.0

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