Interview

José María Amorrortu (A. Bilbao) : « Cela n’est pas nécessaire de dépenser beaucoup d’argent pour de grands noms »

athletic bilbao interview jose maria Amorrortu
imagestockdesign / Shutterstock.com

Dans un football de plus en plus soumis aux règles du libéralisme économique, l’Athletic Bilbao a décidé de conserver son modèle de développement, en composant notamment son effectif exclusivement de joueurs issus de sa région. Un fonctionnement qui porte ses fruits, notamment grâce à l’excellent travail mené par le club basque au niveau de la formation et à l’attachement entretenu par la direction du club à son territoire. Ecofoot.fr est parti à la rencontre de José María Amorrortu, Directeur Sportif de l’Athletic Bilbao, afin de faire le point sur la stratégie de développement du club. Propos recueillis par Emmanuel Mériaux.

Bien que l’Athletic Bilbao s’impose une limite en ne faisant jouer que des joueurs régionaux, l’équipe reste compétitive dans le temps. Quel est le secret du club ?

A mon sens, l’aspect le plus important de la stratégie que nous mettons en place pour notre académie est le fait que le joueur se retrouve au centre même de notre projet.

Nous insistons en effet sur le fait que la partie la plus importante du travail que nous avons à faire dans le développement de nos jeunes joueurs, c’est de les éduquer afin qu’ils puissent devenir pleinement responsables et autonomes.

Dans notre centre de formation, nous mettons tout en œuvre pour que les entraineurs puissent créer un véritable environnement d’apprentissage. Cela permet par la suite aux joueurs de se développer, puis de prendre leurs responsabilités et enfin de devenir autonomes.

Alors que la concurrence entre clubs est de plus en plus féroce pour les joueurs étrangers, pensez-vous que l’Athletic Bilbao puisse revenir un jour jouer les premiers rôles en Liga ?

Pourquoi pas ? Je ne pense pas que cela soit nécessaire de dépenser beaucoup d’argent pour de grands noms. Vous pouvez tout simplement éduquer et faire grandir de jeunes joueurs de qualité. Mais pour cela, il faut bien évidemment produire un travail de qualité.

Etre compétitif, ce n’est pas une question de richesse, de niveau de budget. Le plus important, c’est plutôt d’avoir des principes et des convictions. Et c’est ce que nous avons ici, à Bilbao.

L’Athletic Bilbao est, avec le FC Barcelone, un club majeur dans le football féminin espagnol. Comment les choses ont-elles commencé ?

Le club a démarré ce projet en 2002 avec la création de deux équipes Seniors, l’une en première division, l’autre en deuxième.

Nous avons maintenant élargi notre structure, avec la création d’une équipe Cadete (U16) et d’une équipe Infantil (U14). Cela nous a permis de rendre le club accessible à des joueuses plus jeunes.

Quels sont les objectifs du club en développant sa section féminine ?

La création de la section féminine du club répond selon moi à plusieurs objectifs. Tout d’abord d’un point de vue social et d’équité : étant donné les racines profondes de l’Athletic dans la province de Biscaye, cela permet de promouvoir et renforcer le rêve des filles qui sont liées au club dès leur plus jeune âge. Dorénavant, elles ne le sont plus seulement en tant que supportrices, mais peuvent également l’être en tant que joueuses. Auparavant, ce rêve n’était accessible que pour les jeunes garçons.

D’un point de vue sportif, le but est d’avoir une équipe compétitive dans la province de Biscaye, qui puisse se battre au plus haut niveau. Il s’agit d’une ambition sportive à laquelle les fans de l’Athletic Bilbao peuvent s’identifier.

De plus, la pratique du football féminin de manière générale a été développée et encouragée par notre démarche. Depuis la création de l’équipe première à Bilbao en 2002, l’effet de « mobilisation » créé par l’Athletic a mené à une augmentation du nombre de licences féminines dans la région. Là aussi, on peut dire qu’il s’agit d’un succès pour le club.

Propos recueillis par Emmanuel Mériaux 

To Top
Send this to a friend