Interview

P. Ferracci : « Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a la place pour un deuxième club à Paris »

Actuellement en course pour la montée en Ligue 1, le Paris FC n’en fait clairement pas un objectif à court terme. Le club parisien, aux portes du National 2 il y a à peine un an, doit maintenant se structurer pour accompagner le renouveau sportif spectaculaire de l’année 2017. Quels sont ses axes de développement prioritaires ? Quelle est sa stratégie de croissance ? Pierre Ferracci, président du club depuis 2012, répond à nos questions. Propos recueillis par Emmanuel Mériaux.

Avec un maintien quasiment assuré, le Paris FC devrait pouvoir homologuer son Academy dès cet été. Le développement des infrastructures, notamment à Orly, avance-t-il comme vous le souhaitez ?

Ce projet n’a pas encore vraiment démarré, puisque le Centre de Formation de Football de Paris (CFFP) occupe encore le site d’Orly. Nous sommes en discussion avec la Mairie de Paris, que nous avons rencontrée hier (le 6 février, NDLR) et avons bon espoir que la question soit réglée dans les jours qui viennent.

Nous sommes prêts à avancer sur les travaux pour compléter les infrastructures du site. Ils seront relativement importants puisque nous envisageons d’y installer le futur centre de formation, qui sera agréé à partir du 1er juillet 2018, ainsi que les équipes premières masculines et féminines.

Il s’agit donc d’un gros chantier et le temps qui nous est imparti est réduit, car l’échéance est proche. Certaines choses sont cependant déjà installées, puisqu’il y a à Orly des vestiaires de bonne qualité. Mais il reste beaucoup de travail pour mettre en place tous les services nécessaires au bon fonctionnement d’un centre d’entrainement et de formation. C’est une course de vitesse, que nous allons gagner, même si le délai est un peu juste.

Du côté sportif, Pierre Dréossi (Directeur Sportif) est très convoité mais s’est montré fidèle. Fabien Mercadal (Entraineur) renvoie une image très positive du club. Souhaitez-vous bâtir à long-terme avec l’équipe actuelle ?

Il est évident que Pierre Dréossi fait un excellent travail. Je rappelle qu’il a passé de longues années à Rennes ainsi qu’à Lille, qui ont comme point commun de posséder un excellent centre de formation. J’ai donc évidemment envie de garder Pierre Dréossi, qui était effectivement assez demandé : à ma connaissance, trois clubs de Ligue 1 et un club de Ligue 2 l’ont convoité depuis l’été dernier.

Il croit à ce projet et au potentiel de la région parisienne, notamment en matière de formation. Les centres par lesquels il a pu passer se sont tous appuyés sur des jeunes joueurs issus de la région parisienne, ce qui démontre le potentiel assez remarquable de notre région.

Quant à Fabien Mercadal, il réalise un excellent parcours cette année. J’ai également envie de le garder, même si je ne doute pas une minute qu’il y aura aussi quelques convoitises le concernant en fin de parcours.

Pour l’instant, nous sommes tous préoccupés par le chantier d’Orly que nous venons d’évoquer. Car actuellement, l’équipe première s’entraine à Choisy-le-Roi et comme Fabien Mercadal l’a dit récemment, avec beaucoup de tact et d’élégance : on s’entraine dans des conditions qui ne sont pas celles que l’on peut espérer en étant en Ligue 2. Mais nous comprenons aussi que les collectivités locales rencontrent des difficultés.

Nous sommes également concentrés sur la fin de la saison, puisque nous sommes bien classés aujourd’hui. Nous voulons bien terminer ce que l’on a commencé de façon plutôt inespérée avec le repêchage de l’été dernier.

Le Paris FC joue actuellement ses matchs au stade Charléty. Si le club venait à monter en Ligue 1, dans quelle enceinte souhaiteriez-vous évoluer ?

Pour l’instant, nous ne sommes pas en Ligue 1. Passer quelques années en Ligue 2 en construisant de solides fondations via le développement de nos infrastructures, c’est notre objectif à court et moyen terme.

Après, la perspective d’être en Ligue 1 nous a traversé l’esprit. Mais soyons clairs : tel qu’il est configuré aujourd’hui, le stade Charléty n’est pas adapté à un club de Ligue 1. D’ailleurs, même en Ligue 2, il est assez limité en termes d’hospitalité, pour recevoir les partenaires et les supporters dans de bonnes conditions.

Maintenant, on sait très bien que l’équation n’est pas simple : aller au stade Jean Bouin signifierait partager le stade avec le rugby et ce n’est jamais une sinécure. Cela voudrait également dire se retrouver à quelques dizaines de mètres du PSG… En termes d’identité, ce n’est pas parfait.

Mon souhait, que j’ai exprimé à Jean-Francois Martin (Adjoint à la Maire de Paris en charge des sports et du tourisme), ce serait d’adapter le stade Charléty pour qu’il se rapproche un peu plus des exigences d’un futur club de Ligue 1. Ce souhait n’est pas simple à mettre en place car il faut résoudre des problématiques architecturales, s’entendre avec les besoins de la Fédération Française d’Athlétisme et trouver des sources de financement. Mais je pense qu’un tel projet est possible à concrétiser.

Le Paris FC a, ces dernières années, noué plus ou moins directement des accords avec l’AS Monaco et le CA Paris. Il était également question dernièrement d’un projet de rapprochement avec le Racing Club de France. Quelle est la stratégie du club en termes de partenariats sportifs ?

Notre stratégie est de nouer des relations avec quelques bons clubs formateurs du bassin francilien. Ces 4 ou 5 clubs pourront nous aider dans notre maillage de l’ensemble de la région parisienne. Ce que nous avons mis en place avec le CA Paris va donc être développé avec d’autres clubs que nous connaissons bien et avec lesquels nous avons de bonnes relations.

A terme, nous envisageons également de concrétiser un partenariat avec un grand club. Car il est difficile de grandir à Paris, dans l’ombre du PSG. Mais pour ne rien vous cacher, je pense autant à un club étranger qu’à un club français. Nous étudions actuellement plusieurs pistes. Un partenariat avec un grand club pourrait aller de pair avec l’arrivée de sponsors provenant de ce même club. Cette étape sera utile, car nous n’avons pas les moyens des Qataris. Nous devons agréger petit à petit des partenariats solides.

Le nom de Paris fait rêver, le Paris FC est une belle marque et tout le monde s’accorde à dire qu’il y a la place pour un deuxième club à Paris, voire même pour un troisième. Mais, pour des clubs comme le Red Star, Créteil ou le Paris FC, il est déjà difficile de s’installer en Ligue 2 faute d’infrastructures solides.

Je suis donc prudent tout en restant ambitieux. Etant donné son potentiel, le bassin parisien mérite plusieurs clubs dans l’élite !

Vinci se trouve à vos côtés en tant que sponsor. Vous évoquez l’éventualité d’attirer un sponsor d’un grand club partenaire. Cela irait donc de pair avec un partenariat sportif ?

Oui, nous sommes actuellement en négociation avec deux potentiels sponsors. L’une des négociations est liée à un partenariat avec un grand club. Nos bons résultats actuels nous aident dans cette démarche. D’où l’intérêt de rester le plus haut possible en Ligue 2, sans forcément parler de Ligue 1.

Une montée en Ligue 1 à court terme pourrait accélérer beaucoup de choses pour le Paris FC. Mais ne serait-ce pas aussi un danger ?

Ce serait effectivement à la fois un accélérateur et un danger. Nous n’avons pas un effectif de Ligue 1, même s’il a de grandes qualités et qu’il fait un exercice remarquable. Il n’est pas quantitativement aussi riche que certaines équipes de haut de tableau.

Monter en Ligue 1 à court terme serait une opportunité pour accélérer le projet, mais pourrait aussi s’avérer très dangereux. Dans un passé récent, certains clubs ont connu une ascension fulgurante mais ont dégringolé aussi vite faute de préparation.

Quand j’évoque nos problèmes d’infrastructures, de stade, de centre d’entrainement, cela veut clairement dire qu’aujourd’hui nous ne sommes pas prêts pour la Ligue 1. Même si, bien évidemment, nous ne la refuserons pas si la montée s’offre à nous. Car nous sommes avant tout des compétiteurs. En cas de montée, il faudra alors faire très attention à gérer les dossiers avec intelligence, et à ne pas tomber dans l’euphorie. Des moyens importants devront alors être mobilisés dans un laps de temps très court. Mais il ne faut pas brûler les étapes : continuons à construire le projet pas à pas.

Vous avez récemment officialisé votre coopération avec AMOS Sport Business School. Pouvez-vous nous présenter ce rapprochement ?

Le Paris FC se développe, mais il manque de bénévoles. Le fait de disposer de compétences de la part de jeunes étudiants constituera un apport positif.

Avec AMOS, nous allons avoir la possibilité de travailler sur des terrains où le club manque encore de ressources : la billetterie, la capacité à accueillir nos supporters et partenaires… Ce partenariat est également intéressant pour l’école, car nous sommes une entreprise « normale », avec les spécificités du football.

L’idée est pour nous de multiplier les compétences en s’efforçant dans un premier temps à trouver des partenariats à un coût limité.  Par la suite, nous grandirons et serons capables sans doute de financer des opérations plus importantes. Mais il y a beaucoup d’espoir et d’enthousiasme des deux côtés pour développer ce partenariat.

Propos recueillis par Emmanuel Mériaux 

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