Travaillant d’arrache-pied sur ce dossier depuis plusieurs mois, la direction de l’Olympique de Marseille souhaite boucler les négociations d’ici la fin de la saison 2017-18 concernant l’exploitation de l’Orange Vélodrome.
C’est sans doute l’objectif principal de cette deuxième partie de saison de l’Olympique de Marseille. Plus important encore qu’une éventuelle place sur le podium, la direction olympienne souhaite boucler le dossier de la gestion exclusive de l’Orange Vélodrome d’ici la fin de la saison 2017-18.
Un dossier dont dépend une grande partie du futur business model du club olympien. Prisonnier du partenariat public-privé signé entre la municipalité de Marseille et AREMA, l’OM ne peut aujourd’hui exploiter son enceinte qu’une vingtaine de jours par an, c’est-à-dire lors des jours de match. Un manque de liberté qui ne satisfait pas la nouvelle direction olympienne, qui souhaite devenir à terme un acteur majeur du secteur des loisirs au sein de la cité phocéenne. D’où notamment le recrutement de Jean-François Richard, spécialiste de l’univers des spectacles vivants, au poste stratégique de Directeur Général Adjoint.
« Un de nos projets est de faire de l’OM l’opérateur du stade Orange Vélodrome. Un stade, c’est l’outil de production d’un club. Même si ce stade est magnifique, la situation actuelle n’est pas satisfaisante […] Par ailleurs, il n’y a pas d’offre réunissant sport et spectacle. Un abonné de l’OM n’a pas l’accès au concert de Soprano, par exemple. Nous sommes donc en discussion avec le concessionnaire Arema en vue de reprendre l’exploitation du stade qui appartient à la ville » a ainsi indiqué en début d’année Jacques-Henri Eyraud, Président de l’OM, lors d’un entretien accordé aux Echos.
La direction de l’OM est parvenue à franchir une première étape importante l’été dernier. Lors de la renégociation du loyer de l’Orange Vélodrome, l’OM a obtenu l’appui de la majorité municipale concernant l’ouverture de négociations avec Arema en vue de récupérer la gestion commerciale de l’Orange Vélodrome.
Un élément qui a permis de faire fléchir la position d’Arema. Peu enclin à laisser plus de place à l’OM dans l’exploitation du stade, le concessionnaire de l’Orange Vélodrome a accepté depuis l’ouverture de discussions. Par la voix de son président, Bruno Botella, la société Arema est désormais prête à étudier différents dispositifs pour aider l’Olympique de Marseille à exploiter davantage l’Orange Vélodrome. L’entrée du club au sein du capital social d’Arema a même été envisagé, comme le prévoit notamment l’annexe 26 du contrat PPP signé entre la municipalité de Marseille et le concessionnaire.
Néanmoins, une telle solution ne satisfait pas l’état-major olympien. Dans l’idéal, l’OM veut récupérer l’exclusivité de la gestion commerciale de l’enceinte tout en laissant à Arema la maîtrise du contrat avec la ville. « Il y a plusieurs options sur la table, et pas forcément avec un partenaire » a alors dernièrement rappelé Jacques-Henri Eyraud.
La récupération de la gestion exclusive de l’Orange Vélodrome permettrait sans contestation possible à l’Olympique de Marseille d’accroître considérablement ses revenus via l’exploitation de son enceinte sportive. Avec un modèle certes différent – le club est propriétaire de son stade – l’OL est parvenu en seulement deux ans à développer une véritable expertise dans l’organisation de grands événements B2B et B2C au sein de son enceinte. Le Groupama Stadium accueillera notamment la finale de l’Europa League au mois de mai prochain. Un événement auquel l’Orange Vélodrome pourrait prétendre, puisqu’il répond désormais aux normes les plus élevées exigées par l’UEFA.
Toutefois, la récupération de la gestion exclusive de l’enceinte phocéenne par l’Olympique de Marseille suscite tout de même plusieurs interrogations. Et la première d’entre elles concerne la capacité financière de l’Olympique de Marseille à supporter l’intégralité des coûts liés au PPP contracté entre la municipalité de Marseille et Arema.
Car la facture risque d’être salée pour l’OM. Alors que la direction phocéenne a déjà accepté de revoir à la hausse au mois de juillet dernier le loyer versé à la municipalité, le club phocéen devrait sans doute assumer par la même occasion la part actuellement supportée par Arema dans la cadre des accords PPP. Une part qui s’élève à 12 M€ par an. Une redevance qu’Arema parvient néanmoins à financer via les différentes activités de l’Orange Vélodrome.
Au total, l’Olympique de Marseille devrait donc s’acquitter d’un montant annuel de l’ordre de 18 M€ pour devenir le seul exploitant de l’Orange Vélodrome. Et la municipalité ne semble pas encline à faire un nouvel effort financier pour aider l’OM dans cette opération. « Ce n’est pas à la Ville de Marseille de s’immiscer dans de telles négociations. Néanmoins, si demain l’OM venait à entamer des démarches auprès d’Arema pour récupérer la gestion exclusive de l’Orange Vélodrome, nous soutiendrions une telle démarche. A condition que les accords financiers passés entre Arema et la Ville de Marseille soient à minima respectés ! » nous avait alors confié Richard Miron, Maire Adjoint en charge des Sports à Marseille, au mois d’octobre dernier.
Au-delà des charges liées au PPP, l’Olympique de Marseille devra également assumer les frais de fonctionnement liés à la gestion exclusive de l’Orange Vélodrome. Le club cherchera alors sûrement à densifier ses effectifs, voire à reprendre la structure mise en place par Arema pour gérer au mieux l’exploitation de l’enceinte phocéenne. Selon le dernier bilan publié par Arema, pas moins de 13 personnes à temps plein sont dédiées à l’exploitation de l’Orange Vélodrome.
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« Mener un club au sommet est un métier et le club a déjà montré qu’il en était capable. En revanche, utiliser au mieux les capacités du Vélodrome toute l’année est un autre métier, et personne n’a idée des compétences que le club va développer pour le faire » s’interroge ainsi Laurent Lhardit, Conseiller d’Arrondissement d’opposition (PS) du 3ème secteur de Marseille.
Enfin, nul doute que dans les négociations, Arema va demander une compensation financière pour s’effacer de la gestion commerciale de l’Orange Vélodrome. Un montant que l’OM devra à nouveau financer seul pour pouvoir concrétiser son projet de développement.
Les prochaines discussions promettent donc d’être serrées entre les différentes parties prenantes liées à l’exploitation de l’Orange Vélodrome. Et les différents membres du Board marseillais pourraient être davantage focalisés sur les négociations avec Arema plutôt que sur les résultats sportifs immédiats. D’autant qu’une partie des investissements promis par Frank McCourt pour accroître la compétitivité sportive de l’OM pourrait finalement aider le club à financer la reprise en main de l’Orange Vélodrome. Dossier à suivre…
