Edito

Pierre Ménès, fallait-il critiquer les JO de Pyeongchang ?

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Dans ce nouvel édito, l’économiste du sport Pierre Rondeau revient sur les commentaires dernièrement portés par le célèbre chroniqueur Pierre Ménès à l’encontre des Jeux Olympiques d’hiver et sur sa manière d’exploiter sa notoriété médiatique.

Vendredi dernier, le célèbre chroniqueur sportif Pierre Ménès a publié un édito sur son désintérêt complet pour les Jeux Olympiques d’hiver. Dedans, il expliquait que personne n’a suivi l’évènement, jugé ennuyeux et insipide, et que seules les victoires ont attiré le public français. Sans la star Martin Fourcade, par exemple, le biathlon ne serait qu’une épreuve monotone, morne et aberrante, sans aucun intérêt télévisuel ni aucune émotion.

Au-delà de l’absurde démonstration de Pierre Ménès – son principal argument est que, lors d’une question posée sur twitter, 66% des répondants n’ont pas jugé les JO d’hiver intéressants – ce qui interpelle c’est cette capacité à croire qu’un avis personnel et subjectif pourrait devenir le sujet principal d’une chronique, c’est cette capacité à croire que des centaines de milliers de personnes trouveraient captivant et envoûtant un édito plat et hargneux.

L’ancien journaliste sportif s’est retrouvé au centre de la polémique. De nombreux followers ont réagi par l’invective à sa chronique. Même Martin Fourcade a trouvé le temps de lui répondre.

Et finalement, est-ce que Pierre Ménès a reconnu son tort ? S’est-il rendu compte que ce n’est pas parce que lui n’aime pas les JO que tout le monde sera de son avis ?

Posons-nous la seule bonne question : quel est l’intérêt de sa chronique ? Avec plus de 2 millions de followers sur twitter, tout ce qu’il dira, tout ce qu’il publiera, sera scruté, disséqué, discuté, débattu. Il a donc une responsabilité sur la toile, il a pouvoir d’influence et de persuasion. Il peut agir directement sur l’opinion publique et sur l’audimat.

Et comment use-t-il de son pouvoir ? En critiquant les Jeux Olympiques et en répondant (ou bloquant) les « haters ». Ce n’est pas le rôle qu’il devrait se donner. Pourquoi ne profite-t-il pas de sa marque pour agir dans le sens de l’intérêt public ?

Récemment, nous avons vu Pierre Ménès critiquer, vilipender des représentants politiques comme Raquel Garrido, de la France Insoumise, ou la maire de Paris, Anne Hidalgo. Mais il ne fait pas de politique. Nous avons vu Pierre Ménès être invité aux congrès et aux meetings de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. Mais il ne fait pas de politique.

Pierre Ménès préfère publier des chroniques contre les Jeux Olympiques, contre les arbitres ou les supporters de Ligue 1.

En revanche, quand le sport français va mal, quand l’actuel gouvernement annonce une suppression de 120 000 contrats aidés, qu’un récent rapport sénatorial pointe les effets désastreux dans le secteur amateur et les structures sociales, que les budgets du ministère des sports et du centre national du développement du sport baissent année après année, que les dotations publiques et les subventions locales en faveur du sport diminuent comme neige au soleil depuis 2012, que des centaines de clubs risquent de disparaître, faute de moyen, dès la saison prochaine, où sont les chroniques et les éditos de Pierre Ménès ?

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », disait intelligemment Benjamin Parker, l’oncle de Spiderman. Pierre Ménès n’a peut-être pas intégré cette évidence, malheureusement …

Par Pierre Rondeau

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