Interview

« Le CNOSF doit impérativement redevenir la Maison du sport français »

Patrice Martin

Entamer une profonde mue pour résister à la crise et initier un puissant cycle de croissance une fois l’épidémie enrayée. C’est le défi qui attend le mouvement sportif français lors de ces prochains mois. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Patrice Martin, Président de la FFSNW et candidat à l’élection présidentielle du CNOSF, livre ses analyses sur les difficultés actuellement traversées par le secteur sportif et les transformations que devront amorcer les fédérations sportives pour solidifier leur modèle de développement. Propos recueillis par Anthony Alyce et Lucas Morel.

La crise sanitaire paralyse les activités des différentes organisations sportives depuis désormais plus d’un an. Plusieurs rapports font état d’une perte de plusieurs millions de licenciés pour le sport fédéré hexagonal. Les conséquences de cette pandémie seront-elles durables pour le mouvement sportif français ?

Les problèmes générés par la crise sanitaire ont été traités différemment en fonction des fédérations. Mais, globalement, le sport fédéré a subi un coup d’arrêt brutal. Les périodes successives d’interdiction et de fort encadrement de la pratique sportive dans les clubs depuis maintenant plus d’un an ont engendré un réel impact financier. Mais les difficultés ne sont pas exclusivement d’ordre économique : la santé physique et psychique des Français a également été touchée par le (quasi)-arrêt du sport en club. Le sport est un pan vital de notre société. La pratique sportive permet de lutter contre la sédentarité, favorise les interactions sociales et contribue à améliorer la santé d’une population. L’urgence est de permettre aux Français de retrouver une activité normale au sein de leurs structures sportives.

Au-delà des difficultés qu’elle engendre, cette crise doit constituer une opportunité pour transformer le modèle du sport français afin qu’il puisse relever les défis de demain. En cette période très difficile, de nombreux clubs ont déployé beaucoup d’énergie pour trouver des solutions et tenter de maintenir leurs activités. Certains d’entre eux ont notamment investi dans la digitalisation. De nombreuses fédérations ont cherché à adapter la pratique de leur discipline pour se conformer aux consignes gouvernementales. Cette adaptation fut loin d’être évidente ces derniers mois en raison de conditions sans cesse changeantes : mais elle a été vitale pour conserver le lien avec sa communauté.

Craignez-vous une érosion du tissu associatif sportif français à l’issue de cette crise ? Quel modèle le mouvement sportif français doit-il mettre en place pour limiter les pertes ?

Nous observons actuellement une véritable érosion des licenciés. Entre 2019 et 2020, la baisse est de l’ordre de 30% pour les fédérations affiliées au CNOSF. Et la tendance n’est pas très bonne pour 2021. Toutefois, la santé économique des clubs ne se résume pas forcément au nombre de licenciés. Par exemple, malgré une baisse du nombre de licenciés l’an dernier, les clubs affiliés à la Fédération Française de Ski Nautique et de Wakeboard ont enregistré durant l’été 2020 une activité bien supérieure à 2019 car les Français sont majoritairement restés proche de chez eux durant la période estivale. Des vacances « de proximité » qui ont clairement profité à nos clubs !

Par ailleurs, cette crise a renforcé le phénomène « d’ubérisation » du sport. La plupart des pratiquants ne souhaitent plus s’engager dans un club à l’année. Ils s’inscrivent désormais davantage dans une démarche de « consommation » à la carte. La crise a renforcé cet effet avec la valorisation de la pratique individuelle. Mais c’est une tendance qui a démarré bien avant l’épidémie. Pour rappel, seulement 24% des sportifs en France sont licenciés au sein d’une association affiliée à une fédération ! Les clubs ont ainsi besoin de bousculer leur organisation pour répondre à ces nouvelles habitudes de consommation. Ils doivent faire évoluer leurs offres pour répondre aux transformations des attentes des sportifs. Et le CNOSF doit être un acteur prépondérant en accompagnant les fédérations dans cette transformation. Le CNOSF aura pour mission de rassembler les besoins des différentes fédérations pour concevoir des solutions adaptées à chacune.

Aujourd’hui, le modèle économique de la plupart des fédérations sportives françaises repose majoritairement sur la licence. Comment doivent-elles transformer leur organisation pour se conformer au modèle de demain ?

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