Interview

Les collectivités doivent-elles s’impliquer dans le financement des stades ?

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Au cours des derniers mois, de nombreux projets d’ampleur de construction ou de modernisation de stades ont vu le jour en France. Principalement conçues pour répondre aux besoins des clubs professionnels, les collectivités jouent pourtant, dans la plupart des cas, un rôle majeur dans le financement de ces nouvelles infrastructures. En mobilisant parfois des acteurs privés dans le cadre d’un montage PPP. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Eric Adamkiewicz, Maître de Conférences à l’Université Toulouse III et ancien Directeur des Sports de la ville de Grenoble, détaille les raisons qui expliquent l’importante implication des collectivités dans les projets de stades au sein du sport professionnel français. Propos recueillis par Anthony Alyce et Lucas Morel.

Plusieurs projets de modernisation ou de construction de stades/arenas portés par les collectivités ont fleuri (Strasbourg, Orléans, Poitiers…) ces derniers temps en France. Est-ce toujours le rôle d’une collectivité de financer un projet de stade qui sera majoritairement utilisé par un club professionnel ?

Non, ce n’est pas le rôle d’une collectivité. Mais les clubs considèrent comme acquis de recevoir le soutien des collectivités pour financer les projets de modernisation/construction de stade. C’est un problème de rapport de forces et surtout de courage politique. Car l’argent investi dans les infrastructures sportives des clubs professionnels n’ira pas au financement du sport amateur. Et c’est très dommageable étant donné les montants en jeu ! Ce modèle limite surtout l’autonomie des clubs car ils n’ont pas complètement la main sur leur enceinte sportive.

Dans les justifications formulées pour valider de tels montages, les collectivités confondent souvent le poids économique que représente un club professionnel et les retombées économiques potentielles. Je rappelle qu’un club professionnel n’est qu’une PME. Et il n’est pas normal qu’une PME se fasse financer son principal outil de production par les finances publiques ! Car, dans la plupart des cas, les clubs ne paient pas une redevance d’occupation à la hauteur des coûts réels d’investissement et de fonctionnement des infrastructures sportives.

Les collectivités avancent plusieurs arguments pour justifier leur implication dans le financement des projets de modernisation ou de construction de stade. Parmi les arguments qui reviennent le plus souvent, l’appartenance des stades au patrimoine local et leur rôle dans l’attractivité et le rayonnement du territoire sont mis en avant. Ces arguments sont-ils recevables ? Existe-t-il des indicateurs pour mesurer de façon tangible de telles retombées ?

Les collectivités doivent-elles s’impliquer dans le financement des stades ?
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