Interview

« Le bilan économique de l’EURO 2016 est très positif pour la Métropole de Lyon »

Ecofoot.fr a eu la chance cette semaine de s’entretenir avec Fouziya Bouzerda, Adjointe à la Mairie de Lyon en charge du commerce, de l’artisanat et du développement économique. Au cours de l’entretien, nous avons abordé l’impact économique immédiat généré par l’organisation de l’EURO 2016 au sein de l’agglomération lyonnaise tout en évoquant l’héritage à long terme laissé par l’accueil d’un tel événement. Décryptage…

Quels ont été les coûts supportés par la ville et la métropole de Lyon concernant l’organisation de l’EURO 2016 ?

Globalement, pour les deux collectivités, les coûts d’organisation s’élèvent à 3,2 M€. Le coût net de l’accueil de l’EURO 2016 s’est élevé à 1,9 M€ pour la municipalité et 1,3 M€ pour la métropole.

Quelle a été la répartition des dépenses ?

Une partie importante des dépenses a été consacrée à la sécurité. La sécurité a eu un impact important sur la facture totale. En raison des circonstances, nous avons procédé à des réajustements de budget dans la dernière ligne droite. Mais nous avions tout de même négocié précédemment une partie de la prise en charge des coûts en matière de sécurité par l’UEFA et l’Etat. A ce titre, nous avons reçu une enveloppe de l’ordre de 914 000 €.

Le Club des villes hôtes a également négocié en direct avec l’UEFA une dotation afin que l’événement puisse également profiter au sport amateur. Et une somme de 2 M€ a également été débloquée en conséquence.

Quel a été le taux de remplissage de la fan zone installée à Lyon ?

Nous avons accueilli 407 803 personnes durant les 23 jours d’animation au sein de notre fan zone. Et le Parc OL a également accueilli 322 675 spectateurs durant la compétition.

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Ces chiffres montrent que nous avons rencontré un véritable succès populaire durant l’événement. Le choix du lieu d’implantation (ndlr : Place Bellecour) et nos décisions en matière d’animation – des activités comme des concerts ont été organisées au sein de la fan zone en dehors des jours de match – ont été payants à tous les niveaux.

Dans une étude publiée avant le début de la compétition, le Centre de Droit et d’Economie du Sport de Limoges prévoyait des retombées économiques de l’ordre de 166 M€ pour l’agglomération lyonnaise dont 134 M€ de dépenses spectateurs. Ce chiffre est-il conforme à vos premiers constats ?

Aujourd’hui, c’est un peu tôt pour confirmer l’exactitude des chiffres. L’étude a été réalisée en 2014, soit deux ans avant le début de la compétition, et reposait sur certaines hypothèses auxquelles nous pouvons déjà apporter quelques corrections.

Par exemple, dans son étude, le CDES de Limoges avait pris pour hypothèse la venue de 40% de visiteurs étrangers durant l’événement. En réalité, nous avons plutôt mesuré un ratio de 60% de visiteurs internationaux. Et cette différence sera importante car le panier moyen du visiteur étranger est sensiblement plus important. D’ailleurs, les visiteurs internationaux en question ne provenaient pas seulement des pays concernés par les rencontres. Durant la compétition, nous avons accueilli un nombre important de touristiques américains, israéliens, australiens…

Ensuite, outre l’augmentation de ce ratio, nous nous sommes également aperçus que les visiteurs internationaux sont restés plus longtemps que le nombre de jours estimé dans l’étude. Donc, nous devrions également enregistrer une hausse de recettes via ce paramètre par rapport aux conclusions de l’étude du CDES.

Via les premiers chiffres qui nous sont parvenus, nous savons déjà que nous ne serons pas en-deçà des 166 M€ d’impact estimés par le CDES dans son étude. Et on espère même être au-dessus. Pour nous, le bilan économique de l’événement est déjà clairement positif.

Une étude d’impact sera-t-elle réalisée ultérieurement par la ville de Lyon ?

La Ville de Lyon n’a pas confié d’étude et elle n’entend pas le faire. D’autres acteurs vont se charger d’une telle mission dont l’UEFA. De notre côté, on se chargera surtout de centraliser les données, de les croiser avec nos propres chiffres afin d’en dresser un aperçu global. Certains chiffres nous ont déjà été communiqués, notamment dans le secteur de l’hôtellerie ou encore de la restauration.

Concernant l’hôtellerie, nous avons ainsi enregistré une croissance de 3% des nuitées entre juin 2015 et juin 2016 dans la métropole. Et le revenu par chambre a également augmenté de 25%. Un bilan qui est très positif pour le secteur malgré les craintes suscitées par la montée en puissance des plateformes de logements collaboratifs. En juin 2016, l’hôtellerie a connu un taux d’occupation de 77%, en progression de 1,5% par rapport à l’an dernier. Toutes les catégories d’hôtel ont profité de cette hausse. Et lors de certaines rencontres, notamment la veille de la demi-finale opposant le Portugal au Pays de Galles, le taux de remplissage a flirté avec la barre des 99%.

Le bilan est également très positif pour la restauration. Selon les quartiers, on atteint des progressions d’activités entre 20 et 50% par rapport à l’an dernier. Afin que toute l’agglomération lyonnaise profite de l’événement, nous avions planifié différentes animations avec des associations de commerçants comme des babyfoots géants ou encore des activités en terrasse. Une stratégie qui a très bien fonctionné et qui a profité à tout le territoire lyonnais.

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Au contraire, des secteurs d’activités ont-ils connu des difficultés lors de cet EURO 2016 ?

C’est vrai que certains secteurs n’ont pas profité de l’effet EURO pour accroître leurs activités. C’est notamment le cas de l’habillement. Mais nous nous sommes également aperçus que cette tendance était également visible au sein de villes n’accueillant pas l’EURO 2016. La période des soldes n’a pas tenu toutes ses promesses sur l’ensemble du territoire français. Si ce secteur n’a pas profité de l’effet EURO pour dynamiser ses activités, on ne peut pas considérer non plus que cet événement ait pénalisé le secteur.




A plus long terme, quel sera l’héritage de l’EURO 2016 pour l’agglomération lyonnaise ?

Comme nous l’avons vu précédemment, nous sommes très satisfaits des retombées économiques de l’événement. Nous avons insisté sur les impacts BtoC mais l’organisation de l’EURO 2016 a également eu des retombées très positives sur l’activité BtoB de la région. Pour nous, c’est une fierté de voir nos entreprises lyonnaises remporter des marchés, contribuant pleinement à l’organisation de cet événement. GL Events était notamment un de nos prestataires concernant la gestion de la fan zone. Medicis a également construit les 10 structures 3D de l’EURO 2016. ATC a récupéré l’habillage des bus officiels. Zebrand a remporté le Marché de la Mascotte super Victor. Et beaucoup d’autres entreprises régionales ont contribué à la réussite de cet événement !

Plus globalement, nous entretenons à Lyon depuis plusieurs années une politique dynamique afin de dynamiser nos activités touristiques. Lyon est aujourd’hui la troisième destination touristique française selon les statistiques fournies par Trip Advisor. Nous développons notamment beaucoup la partie tourisme d’affaires, avec l’organisation de nombreux salons internationaux à l’image de Lyon Mode City – dont la dernière édition s’est tenue durant l’EURO 2016 ce qui a permis aux hôtels d’enregistrer un revenu par chambre en hausse de plus de 25 % par rapport à l’an dernier sur la période du 09 au 11 juillet – ou encore du SIRHA.

Dans cette optique, l’organisation d’un événement comme l’EURO 2016 constitue une formidable opportunité pour renforcer le rayonnement et l’attractivité d’une ville comme la nôtre. Au total, l’EURO 2016 a attiré près de 2,5 millions de spectateurs dans les 10 stades de l’EURO. De très nombreux médias de tous les continents se sont manifestés pour être accrédités dans la Fan Zone. 519 journalistes dont 259 médias internationaux ont couvert cet événement ! Cela a représenté une couverture médiatique sans précédent pour notre ville.

Enfin, l’EURO 2016 a également permis de concrétiser plus facilement le projet du Parc OL. La métropole bénéficie désormais d’une nouvelle infrastructure sportive parfaitement adaptée et bénéficiant d’une desserte optimale, qui a notamment fait ses preuves lors d’un grand événement international. Un outil qui sera à nouveau mis à contribution lors de l’organisation du Mondial féminin en 2019.

L’organisation de l’EURO 2016 vous-a-t-elle permis de tisser des liens avec vos homologues des différents pays accueillis durant l’événement à Lyon ?

Chaque match comporte son lot d’invités officiels. Cela nous a alors permis en effet de dialoguer avec les représentants des villes des pays concernés. Des liens ont été tissés à cette occasion.

Durant le tournoi, nous avons également accueilli beaucoup de pays avec lesquels nous entretenons déjà des liens importants. C’est notamment le cas avec la Belgique ou encore le Portugal. Lyon est une ville qui a la chance de posséder une importante communauté portugaise. Grâce à cette présence, nos liens avec nos homologues au Portugal sont donc historiques et ne datent pas seulement de l’EURO 2016.


Sources photos : Mairie de Lyon

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