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La tierce propriété dans le football, un système toujours embarrassant ?

TPO football

1er mai 2015, la FIFA introduit l’article 18 ter dans son Statut du joueur. Cette loi indique purement et simplement la suppression de la Third-Party Ownership (tierce propriété), plus connue sous le nom de TPO. Mais alors que les instances pensaient pouvoir régler le problème, d’autres sources de financement sont apparues.

Revenons quelques instants sur la TPO. La pratique prend ses racines en Amérique du Sud, notamment en Argentine et au Brésil au début des années 2000. Le concept consiste en la vente d’une partie des droits économiques d’un joueur à un tiers, ce dernier pouvant être une personne physique ou morale. Les fonds d’investissement étaient alors souvent à la manœuvre de ces deals financiers.

L’idée pour le club était de partager les frais de transferts et ainsi avoir la possibilité d’acheter le joueur. Pour le tiers, l’appât du gain via la réalisation d’une plus-value à la revente guidait ses investissements.

Alexandre Pato en est le parfait exemple. Lorsque le joueur évoluait au Brésil à Porto Alegre en 2005, 50% de ses droits avaient été rachetés par un tiers contre 200 000 €.  Deux ans plus tard il est vendu au Milan AC pour 28 M€ ce qui a permis au fonds de récupérer 14 M€ soit une plus-value de… 6 800% ! Selon le Centre d’Economie du Droit et du Sport (CDES), la pratique a représenté un business de 523 M€ en 2013, avec 10% des transferts qui étaient concernés.

Face à la montée des critiques concernant ce système, les TPO, qui comportent la notion de « propriété » se sont muées en TPI. Via la Third Party Investment, le fonds d’investissement agit alors comme un bailleur de fonds, prêtant la somme nécessaire au club souhaitant acquérir un joueur et ne disposant pas de la trésorerie.

Un basculement de procédé qui constitue un simple changement de terminologie, diffusé alors dans la presse par les professionnels du secteur selon Shervine Nafissi, Doctorant en droit du sport et spécialiste des questions liées à la tierce propriété.

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« Juridiquement le mécanisme est exactement le même. Dans la TPO on disait que la tierce partie était propriétaire de parts du joueur. Dans la TPI, on dit qu’elle prête de l’argent et se fait rembourser sur le transfert. Mais le résultat est le même : fournir des fonds contre une part sur l’indemnité de transfert du joueur. L’opération se base quoiqu’il arrive sur une cession de créance future » nous explique ainsi Shervine Nafissi.

Le système du « bridge club » fait son apparition

Suite à l’interdiction prononcée par la FIFA en 2015, un nouveau système entre clubs a vu le jour, appelé la triangulation. Elle consiste à insérer dans le parcours du joueur un troisième club, souvent appelé « bridge club » en Angleterre. Le nouveau joueur acquis sera alors prêté à un autre club, permettant de spéculer sur sa valeur marchande. Des clubs dits « fantômes » qui sont souvent détenus par d’anciens agents ou autres entités habituées de la TPO.

« Il faut encore davantage de transparence. Il faudrait obliger les fonds d’investissements à publier les parts et intérêts économiques qu’ils détiennent aujourd’hui dans les joueurs et clubs » ajoute ainsi Shervine Nafissi.

Ainsi, malgré l’interdiction de la tierce propriété prononcée par la fédération internationale en 2015, des zones d’ombre subsistent concernant les agissements de certaines parties prenantes du ballon rond.

Source photo à la Une : Wikipedia.org – CC BY 3.0

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