Interview

Interview exclusive de Cédric Courteau, fondateur de footeo

Ecofoot.fr a eu le plaisir de rencontrer Cédric Courteau, fondateur de footeo qui met à disposition des clubs amateurs une palette d’outils visant à professionnaliser leur gestion. Basé sur un modèle innovant, footeo a la volonté d’apporter des solutions concrètes aux problématiques médiatiques et financières rencontrées par l’ensemble des clubs de football amateur.  

Cédric, pouvez-vous nous présenter votre parcours conduisant à la création de footeo ?

Je suis Cédric Courteau, j’ai 39 ans et je suis l’un des fondateurs de footeo. A la fin de mes études, j’ai travaillé pour des incubateurs de start-ups en France et aux Etats-Unis. J’ai ainsi pu monter un certain nombre de sociétés avec différents collaborateurs et notamment Nicolas Bel, avec qui j’ai créé footeo en 2008. Ensemble, nous avions déjà monté une société qui s’appelait Back-up Avenue. Nous réalisions à l’époque de la sauvegarde de données en ligne. Nous avons codirigé cette société avant de la vendre.

Quelles sont les activités de footeo ?

footeo permet aux clubs de football amateur de créer facilement et gratuitement un site internet. Evidemment, entre 2008 et aujourd’hui, le produit a bien évolué. Nous avons rajouté de nombreuses fonctionnalités, comme une application mobile par exemple (My footeo qui est disponible sur iPhone et sur Android). Mais l’idée initiale était de proposer un outil moderne de communication digitale aux associations sportives.

Rapidement, nous nous sommes positionnés sur un modèle gratuit. Nos revenus proviennent des emplacements publicitaires vendus sur les différents sites. La gratuité de la solution et le modèle novateur proposé nous ont permis de nous développer très rapidement.

Quelles sont vos missions au sein de footeo en tant que fondateur ?

L’entreprise compte aujourd’hui une petite trentaine de salariés. Je passe donc beaucoup de temps à manager (rire). Plus sérieusement, nous venons tout juste de lancer une nouvelle offre de boutique en ligne à destination des clubs : je gère donc plutôt le développement de cette nouvelle activité tandis que mon associé, Nicolas Bel,  s’occupe du fonctionnement et du développement de notre régie publicitaire, Sports Local Média.

En quoi consiste cette nouvelle offre de boutique en ligne ?

Depuis plusieurs années déjà, nous sommes capables de vendre des équipements à nos clubs : maillots, coupe-vent, survêtements, chaussettes, ballons… Les clubs qui font appels à nous pour ce type de prestations profitent des tarifs avantageux que nous avons pu négocier auprès de plusieurs équipementiers (Adidas, Umbro, Puma…).

Avec la boutique en ligne nous allons encore plus loin. C’est une vraie réponse à la problématique des clubs qui sont confrontés à une réduction de leur budget !

En leur ouvrant gratuitement une boutique en ligne, nous leur permettons de vendre à leur communauté des produits dérivés comme des maillots ou des écharpes par exemple. Le club ne supporte aucun stock et est rétribué sur chaque vente. C’est bénéfique pour son développement.

Y-a-t-il des flux de marchandises entre vous et le club dans le cadre de l’activité e-commerce BtoC ?

Aujourd’hui, on se sert du club comme d’un point relais pour pouvoir regrouper les commandes : nous livrons directement au club et il se charge de distribuer la marchandise.

Proposez-vous votre solution de boutique en ligne uniquement aux clubs qui utilisent footeo ?

Non, nous avons initié le projet avec des clubs déjà clients mais la création d’une boutique est aujourd’hui ouverte à tous les clubs de sport, utilisateurs de footeo ou non !

L’activité est toute récente : nous avons lancé les premières boutiques début septembre. Aujourd’hui, nous comptons une centaine de boutiques ouvertes ! Les premiers retours sont excellents à tel point que nous n’arrivons pas à suivre les demandes d’ouvertures faites par les clubs. C’est un bon problème pour nous ! Nous pensons ainsi connaitre une forte croissance de cette activité dans les mois à venir.

Quel est le modèle économique de cette activité ?

Nous agissons comme une centrale d’achats qui négocie en direct avec les équipementiers et nous commissionnons le club pour toutes les commandes passées via sa boutique.

Actuellement la commission moyenne reversée aux clubs se situe aux alentours de 6%. Mais le modèle économique n’est pas figé et pourrait évoluer dans le futur. Notre volonté est de soutenir financièrement les clubs amateurs. Par ce biais, nous y contribuons directement puisque nous leur rétrocédons du cash.

Gérez-vous la logistique de cette activité ?                                         

Nous possédons notre propre centre logistique en Touraine. Il est composé de quatre personnes. Nous fonctionnons exclusivement en flux tendu. Cela signifie que la marchandise arrive tous les matins et elle repart le soir. S’il s’agit de marchandise brute, sans marquage nécessaire, c’est assez simple à traiter. Mais dans 90% des commandes, un marquage est nécessaire. Dans ce cas-là, la marchandise passe par l’atelier. Une fois le travail terminé, la marchandise est réemballée et réexpédiée dans la journée.

A travers ses activités, footeo tente-t-il de professionnaliser les activités du football amateur ?

C’est une bonne définition de notre activité : notre souhait est de mettre gratuitement à disposition des clubs amateurs des outils dignes de clubs professionnels.

Dans cette optique de professionnalisation des activités des clubs amateurs, footeo se lancera-t-il à l’avenir dans les activités de billetterie ?

Nous avons une multitude de pistes de développement mais, comme dans toute start-up, il faut choisir les bonnes orientations. Après avoir proposé un site internet, une application mobile et une boutique en ligne, on pourrait très bien se projeter demain dans la mise en place d’outils connectés, de solutions de statistiques ou encore d’une plateforme de gestion des licences…

exemple boutique fc fleuré

footeo fournit une solution de boutique en ligne clé en main à de nombreux clubs amateurs afin de développer leurs recettes merchandising.

Mais pour le moment, nous cherchons surtout à nous développer à l’international. Nous venons d’ouvrir notre plateforme dans plusieurs pays (Allemagne, Espagne, Italie, Portugal, UK). Pour ce déploiement à l’international, nous restons sur le même modèle : la possibilité de fournir un site internet de qualité gratuitement aux clubs amateurs.

Comment êtes-vous parvenus à recruter 15 000 clubs amateurs au sein de votre réseau en si peu de temps ?

En 2008, footeo a répondu à un besoin qui devenait urgent pour les clubs amateurs : exister sur le web. La gratuité du service et sa simplicité d’utilisation nous a ensuite permis de séduire un grand nombre de clubs. Nous n’avons pas eu besoin de réaliser une communication grand public. Notre budget marketing est minime. En revanche, le bouche à oreille a fonctionné à plein.

Quels sont les premiers clubs qui vous ont fait confiance ?

Il s’agit principalement de clubs situés dans les Ardennes, la région de naissance de footeo.

Possédez-vous tout le marché des clubs de football amateur en France aujourd’hui ?

Avec près de 15 000 clubs de foot utilisateurs de footeo, nous sommes extrêmement bien implantés. La Fédération Française de Football communique sur l’existence de 20 000 clubs amateurs en France. Mais le marché global du sport amateur recense 170 000 clubs à travers l’Hexagone. Notre objectif, c’est de recruter à terme 50 000 clubs via footeo et clubeo (plateforme destinée aux autres clubs sportifs).

Avez-vous des concurrents directs dans votre secteur d’activités ?

Le marché est très concurrentiel. D’autres acteurs proposent des CMS à destination des clubs mais la plupart sont payants. Les agences web qui créent des sites internet sont également des concurrents directs.

FOOTEO Courteau

Selon Cédric Courteau, le succès de footeo s’explique par un besoin urgent des clubs amateurs d’exister sur le web.

Nous nous différencions de nos concurrents en proposant un service gratuit, très simple d’utilisation et collaboratif. Dès le départ, nous avons conçu notre produit pour que son administration soit ouverte. Plusieurs membres du club peuvent alimenter le site : l’entraineur peut saisir les résultats de son équipe, le président peut annoncer les événements à venir, le trésorier peut communiquer sur le bilan financier, un parent peut poster des photos… L’objectif est d’ouvrir l’administration au maximum pour démultiplier les sources de contributions. Aujourd’hui, footeo recense 300 000 contributeurs pour 20 000 sites au sein du réseau.

Comment se déroule une collaboration type entre un club amateur et footeo ?

Nous nous efforçons d’être au plus proche de nos clubs. A la création du site par exemple, nous appelons le club pour lui expliquer les différents modules disponibles sur footeo et évaluer ses besoins afin d’y adapter au mieux le site.

Chaque club possède un site adapté à son identité visuelle. Qui gère la charte graphique ?

Ce sont les clubs qui gèrent directement leur charte graphique. Ils ont la main sur la personnalisation du site internet. Quand ils le souhaitent, nous pouvons bien sur les accompagner sur la partie graphique, notamment lors d’événements spécifiques, comme la Coupe de France par exemple. Cette année 3 clubs footeo se sont qualifiés pour les 32ème de finale ! Nous les aidons à capitaliser sur cet événement important tant sur le web que sur le terrain avec la création d’écharpes.

acg foot sud

Chaque club possède un site internet avec une charte graphique adaptée à son identité visuelle.

Un de vos clubs a-t-il déjà atteint le niveau professionnel ?

Pas pour le moment non, mais nous accompagnons certaines associations qui progressent de saison en saison. C’est par exemple le cas de l’AS Lyon-Duchère qui évolue actuellement en CFA.

footeo a-t-il envisagé le cas d’une montée au niveau professionnel d’un de ses clubs ?

La situation ne s’est pas encore présentée. Aujourd’hui, il ne faut pas oublier que notre cœur de cible est le football amateur. Néanmoins, nous savons aussi réaliser des prestations à la carte pour certains clubs. Donc nous serions ravis de répondre à la problématique de professionnalisation d’un de nos clubs le jour où le cas se présentera.

Donnez-vous des conseils en matière d’acquisition de trafic web à vos clubs ?

Pas particulièrement. Un club qui rejoint footeo va bénéficier naturellement de la puissance de notre réseau grâce au netlinking qui permet d’être rapidement bien référencé par les moteurs de recherches. Quand on tape le nom d’une commune sur Google, le site footeo ressort souvent en première position.

Hormis le référencement naturel, travaillez-vous d’autres canaux d’acquisition de trafic ?

Nous nous efforçons d’être très présents sur les réseaux sociaux. La page Facebook de footeo regroupe ainsi plus de 55 000 fans. Nous conseillons aussi à nos membres de se déployer sur les réseaux sociaux en partageant les contenus mis en ligne sur leurs sites.

Quels sont les espaces publicitaires monétisés par footeo ?

Les encarts publicitaires gérés par footeo sont les seuls éléments sur lesquels les clubs n’ont pas la main. Cela va être principalement des pavés ou des méga-bannières. Ils nous arrivent aussi de commercialiser des habillages de sites.

Quelle est l’audience moyenne d’un site de football amateur ?

L’audience de la communauté footeo est d’environ 2,5 millions de visiteurs uniques par mois.

Le site qui réalise le plus d’audience chez nous est celui du club de Lyon La Duchère qui a généré près de 3 millions de visites depuis son lancement. Au total, l’audience réalisée par l’ensemble des sites footeo est d’environ 30 millions de pages vues par mois pour 2,5 millions de visiteurs uniques. Evidemment, le nombre de visites varie en fonction de l’ancienneté du site, de la taille du club ou encore du nombre de contenus publiés.

L’activité de footeo est-elle aujourd’hui rentable ?

Elle l’est, oui. L’an dernier, nous sommes parvenus à lever 1,5 million d’euros de fonds auprès de plusieurs investisseurs permettant de financer la croissance de l’activité. Cela prouve que le modèle est viable. Nos deux sources de revenus sont la publicité et l’activité e-commerce. Pour le moment, la publicité représente la majeure partie de nos revenus. L’idée est d’équilibrer nos deux sources de revenus d’ici deux ans avec une montée en puissance progressive de l’activité e-commerce.

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