Interview

« Au TFC, nous savons désormais que nous pouvons mener un projet international d’une envergure importante »

Ecofoot.fr a eu la chance cette semaine de s’entretenir avec Martin Rauturier, Chargé de missions au sein du Toulouse FC. Au cours de cet entretien, nous avons notamment évoqué le travail actuellement mené par le club toulousain afin d’initier une stratégie d’internationalisation sur le sol chinois. Plongez dans les coulisses du développement en Chine du club de la Ville Rose…

Pouvez-vous présenter votre parcours au TFC ?

Je suis diplômé de Sciences Po Toulouse. Durant mon parcours d’études, j’ai réalisé un mémoire au sujet des actions mises en place par les clubs de football professionnel dans le domaine de la responsabilité sociale. Je suis arrivé au TFC en 2015 pour y accomplir mon stage de fin d’études auprès de la fondation du club.  Puis, après un retour à Sciences Po pour valider mon diplôme, je suis revenu au TFC en tant que chargé de missions, m’occupant principalement du développement du club en Chine.

Quel est votre rôle concernant les projets de développement du TFC en Chine ?

Mon rôle se résume à la gestion et au suivi de projets. Concernant notre partenariat avec le club chinois de SPHQ FC (ndlr : signé au mois de novembre 2015), je me charge de faire le lien entre les équipes du TFC et nos partenaires basés à Shenzhen. J’ai notamment participé aux trois déplacements/événements organisés durant l’année civile 2016. Je m’assure du bon déroulement du partenariat et de la livraison des prestations définies.

Ensuite, je réalise également un gros travail de veille pour optimiser nos actions en Chine. Je me charge également de tisser des liens avec de nombreux acteurs institutionnels tels que la LFP et la FFF qui vont ouvrir un bureau commun à Pékin. Des contacts ont également été noués avec la Ville de Toulouse ou encore l’aéroport de Toulouse Blagnac, détenu désormais à 49% par des actionnaires chinois. Nous essayons d’impliquer différents acteurs pouvant être concernés par un développement du club en Chine afin de créer des synergies.

Bien que je commence à maîtriser quelques structures basiques, je n’ai pas besoin de parler chinois pour mener à bien les projets. Tous les échanges sont réalisés en anglais avec nos interlocuteurs.

Le TFC a dernièrement signé son premier partenariat en Chine (novembre 2015) avec le club du SPHQ FC, basé à Shenzhen. Quels sont les objectifs du TFC en Chine ? Pourquoi le club conclut-il des partenariats dans le domaine de la formation avec des clubs locaux ?

La Chine est l’acteur phare du moment dans l’industrie du football. Le pays s’intéresse de plus en plus au football et les grandes sociétés ont réalisé d’importants mouvements financiers au sein des clubs européens au cours des derniers mois. Nous pensions au départ que les mouvements se cantonneraient aux gros championnats européens, mais la France devient de plus en plus attractive aux yeux des investisseurs chinois. Des prises de participations actionnariales majoritaires ou minoritaires sont intervenues à Sochaux, Auxerre, Nice ou encore Lyon.

Nous avons choisi de mener un premier partenariat dans le domaine de la formation car au club, nous sommes pragmatiques au sujet de nos forces et nos faiblesses. Comme beaucoup de clubs français, nous ne disposons pas de l’aura des grands clubs européens qui peuvent pénétrer un marché en communiquant exclusivement sur leur marque. La Ligue 1 ne dispose pas encore de la même visibilité que d’autres compétitions européennes en Chine. D’ailleurs, elle est essentiellement diffusée via des canaux payants.

Nous, notre point fort – qui est souligné dans plusieurs études – c’est la formation. Un atout qui est d’ailleurs bien mis en avant par les résultats actuels de notre équipe première. Un sujet sur lequel la Chine est également très demandeuse ! Nous essayons donc de capitaliser sur cet atout même si ce n’est pas toujours simple en termes de valorisation. Nous nous inscrivons dans un programme d’actions concrètes et dont les premiers effets seront visibles à moyen/long-terme. Nous avançons pas à pas dans le développement de notre programme.

Comment a été noué le partenariat avec le club de SPHQ FC ? A quand remontent les premiers contacts ?

Les premiers contacts ont été établis en juillet 2015. C’est intéressant car ils donnent une indication sur la philosophie générale développée autour de ce partenariat.

En premier lieu, nous avons été sollicités par un intermédiaire qui était en charge d’organiser un événement caritatif pour l’association ELA à Shenzhen. L’association souhaitait notamment promouvoir la pratique du sport au cours de cet événement. Etant donné que le TFC est partenaire de l’association depuis 2001 via sa fondation, nous avons rapidement accepté et nous avons mis à disposition deux éducateurs qui se sont rendus sur place, à Shenzhen. L’événement avait lieu sur les terrains du propriétaire de l’académie du SPHQ FC.

A partir de cet événement, un très bon contact s’est noué, basé sur l’excellent travail mené par nos éducateurs. Des possibilités de collaboration ont alors été remontées à la direction du club. Le SPHQ FC dispose d’excellentes installations : le club est notamment propriétaire de ses terrains ce qui n’est pas toujours le cas en Chine car il y a une pression immobilière très forte dans le pays.

Au mois de septembre 2015, nous avons invité des dirigeants de l’académie à Toulouse. Les différentes rencontres ont finalement débouché sur la signature du partenariat, acté au mois de novembre 2015 à Shenzhen.

Quels sont les volets de cet accord ?

Les actions concrètes que nous mettons en place peuvent être regroupées en deux volets majeurs. Le premier volet concerne le travail de formation organisé à Shenzhen. Différentes sessions ont déjà été réalisées. La première session a d’ailleurs eu lieu au mois de mars 2016. Pendant deux semaines, Henri Regourd, Responsable de la pré-académie au TFC, s’est rendu sur place en compagnie de Yann Cavezza, qui était alors entraîneur des U14 et qui est désormais préparateur physique adjoint opérant auprès de l’effectif professionnel. Ce premier séjour a permis de mener un travail de formation auprès des éducateurs chinois. Henri Regourd est dernièrement retourné un mois sur place pour une deuxième session.




Le deuxième axe de ce partenariat concerne le volet événementiel/commercial. Nous avons notamment proposé au propriétaire du club de SPHQ FC d’organiser des stages d’été pour les membres de son académie au sein du centre de formation du TFC. Les stages sont conçus pour recevoir une trentaine de jeunes footballeurs. Nous avons organisé la première édition lors de la dernière trêve estivale. Les membres de l’académie sont restés une dizaine de jours au sein de nos installations. Ils ont pu profiter du travail de nos éducateurs, qui étaient présents lors de cette session.

La particularité de ce stage organisé par le club est qu’il mêle entraînements mais aussi visites culturelles. Au-delà de la formation TFC, nous cherchons à transmettre les valeurs de la formation à la Française. L’image véhiculée par la France à l’international est extrêmement positive, notamment dans le domaine de l’éducation en général. Un élément qui contribue à renforcer l’attractivité de la formation à la Française aux yeux des décideurs chinois.

Ce partenariat centré sur la formation pourra-t-il à terme se transformer en partenariat de détection, afin de faire venir à Toulouse les meilleurs éléments ayant entamé leur formation à Shenzhen ?

A l’instant t, par rapport aux observations réalisées par nos éducateurs, cela parait compliqué. Le niveau est très hétérogène même si nous observons déjà une progression très importante depuis la mise en place de notre collaboration.

Après, on ne s’interdit rien. Au mois de septembre, nous sommes entrés en contact avec le club de Guizhou Heng Feng. Cette formation vient d’obtenir son accession en Chinese Super League (D1 chinoise). Cela peut nous permettre à l’avenir de travailler avec une structure professionnelle.

Néanmoins, la détection de joueurs n’est absolument pas l’objectif principal de la présence du TFC en Chine.

Ce type de partenariat permet-il au TFC de créer des liens commerciaux avec la Chine ?

Dans toute démarche d’internationalisation, vous avez forcément des idées de développement commercial en tête. Après, la construction d’une notoriété prend du temps. Au TFC, nous ne sommes pas obnubilés par un tel objectif.

Concernant notre collaboration avec le SPHQ FC, c’est finalement plus une opportunité qui s’est présentée au club plutôt que la conséquence d’une démarche proactive liée à plusieurs mois de prospections. C’est une belle manière de valoriser, à notre échelle, notre travail de formation en Chine ainsi qu’en France. Cela représente également un intérêt financier puisque des prestations sont commercialisées.

Aujourd’hui, notre premier objectif est de délivrer au mieux les prestations sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord avec le SPHQ FC. En seulement quelques mois, nous sommes parvenus à faire aboutir trois actions concrètes ce qui constitue une réelle satisfaction au club. Il y a un vrai lien de confiance qui a été instauré.

Quelles sont les prochaines étapes du développement du TFC en Chine ?

La prochaine étape concerne le renouvellement du stage d’été organisé avec l’académie SPHQ FC pour le mois de juillet prochain. Après, nous venons seulement de revenir d’un séjour d’un mois en Chine. Il faut désormais qu’on prenne le temps de débriefer les actions afin d’envisager la suite des opérations.

Pour le moment, nous n’avons pas de calendrier précis mais il y a plusieurs pistes intéressantes que nous allons creuser. Toutes les parties prenantes ont une réelle volonté d’approfondir les échanges initiés. Cela peut concerner notamment le développement de nos relations avec le club professionnel de Guizhou Heng Feng. Un accueil de l’effectif professionnel durant leur stage de pré-saison au sein de nos installations est notamment un projet réalisable. Des discussions pourraient également débuter concernant la vente de nos produits dérivés par notre club partenaire en Chine. Il y a beaucoup de sujets qui émergent mais, désormais, nous devons effectuer notre travail de remise à plat afin de prendre les bonnes décisions.

Le TFC prévoit-il de nouer des accords similaires dans d’autres régions du monde afin d’y exporter son savoir-faire en matière de formation ?

Nous avons acquis une petite expérience dans la mise en place de notre partenariat avec le club du SPHQ FC. Nous savons désormais que nous pouvons mener un projet international d’une envergure importante avec du contenu poussé, en termes notamment de formation et de prestations événementielles.

Après, nous ne sommes pas encore suffisamment dimensionnés pour dédier tout un staff à la prospection de partenariats internationaux. De notre côté, nous sommes déjà très occupés par le travail à mener en termes d’ancrage régional.

Cependant, si une opportunité se représente dans une région intéressante et avec des acteurs auprès desquels un échange est possible à instaurer, nous sommes prêts à étudier sérieusement un tel projet.


Source photo à la Une : TFC.info

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