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Qui du Bayern Munich ou d’Arsenal remporte le duel économique ?

Pierre Rondeau, économiste chez Football & Stratégie et professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, arbitre le match économique entre le Bayern et Arsenal. La rencontre aura lieu ce soir, à Munich.

Le stade et la billetterie

Le Bayern Munich est un modèle du genre. Depuis la coupe du Monde 2006 et la construction de l’Allianz Arena, stade ultra moderne d’une capacité de 75 000 places, le club dégage 129 millions d’euros par an de recettes de billetterie. Les nombreuses loges VIP, d’une valeur de 300 000 euros, et les importants partenariats passés avec des entreprises de renommé internationale ont permis à l’équipe bavaroise de rembourser le coût de construction du stade, estimé à 346 millions d’euros, avec 9 ans d’avance. Rien que le naming, avec la société d’assurance Allianz, rapporte 6 millions d’euros par an et le taux d’affluence est de 100% depuis 3 ans.

Quant à Arsenal, c’est le club qui réalise le plus de bénéfices avec son stade de 60 362 places. On estime qu’à chaque match joué à l’Emirates Stadium, l’équipe gagne 4,4 millions d’euros. Le taux d’affluence est toujours situé autour de 70 ou 75% minimum et ses abonnements sont parmi les plus chers d’Europe, de 1 200 euros jusqu’à 2 500 euros. Quant aux loges, les entreprises sont facturées entre 100 000 et 300 000 euros par an.

Il n’y a pas vraiment de vainqueur dans ce duel, les deux adversaires sont des modèles du genre. Egalité.

Bayern Munich 1 – Arsenal 1

Les revenus commerciaux

Le Bayern est le 3ème club le plus riche du monde, avec un budget estimé à 487,5 millions d’euros, d’après le classement Deloitte. Ses recettes de sponsoring représentent 82 millions d’euros. Deutsche Telekom débourse 25 millions d’euros par année pour apparaitre sur le maillot et Adidas vient de réévaluer son contrat. Quant aux recettes de merchandising, elles sont estimées à 57 millions d’euros. Le club compte une vingtaine de partenaires différents et le droit d’entrée pour s’afficher avec le Bayern Munich s’élève à 2 millions d’euros minimum. En Allemagne, c’est une fierté de s’associer avec une institution sportive et l’équipe arrive à attirer de nombreux investisseurs.

arsenal fc puissance économique

Malgré l’exposition internationale offerte par la Premier League, Arsenal FC est aujourd’hui en retard en termes de génération de revenus opérationnels par rapport au Bayern

Pour les hommes d’Arsène Wenger, les recettes de sponsoring atteignent 79 millions d’euros par an, dont 40 millions avec le seul sponsor maillot. Le budget est estimé à 359,3 millions d’euros, soit le 8ème d’Europe et le 4ème d’Angleterre.

Guardiola et ses joueurs sont devants, ils déploient une puissance économique à toute épreuve et devancent de 128 millions d’euros le budget d’Arsenal.

Bayern Munich 2 – Arsenal 1

Réputation sur les réseaux sociaux

Le Bayern et Arsenal sont deux clubs très réputés et très connus sur la scène internationale. Le Bayern comptabilise 3 millions de followers et 32,887 millions de mentions J’aime, contre respectivement  6,5 millions et 33,816 millions pour Arsenal. Ces derniers sont devants, surement parce qu’ils profitent de l’aura de la Premier League à travers le monde et d’un avantage culturel avec la langue anglaise.

Le point va aux coéquipiers d’Olivier Giroud.

Bayern Munich 2 – Arsenal 2

Les droits TV

Le Bayern présente un business model presque totalement indépendant des recettes de droits TV. Ils ne représentent que 11% du budget total du club – contre parfois 80% pour certains clubs de ligue 1. La formidable gestion des dirigeants du Bayern a permis de construire un modèle économique pérenne et compétitif malgré un montant total des droits relativement faible par rapport à la concurrence internationale. La Bundesliga, 3ème meilleur championnat d’après l’indice UEFA, n’engrange que 628 M€ de droits TV domestiques, contre 840 millions pour l’Italie par exemple.

De plus, la Bundesliga, avec un système mutualisé, redistribue le montant négocié par la ligue selon un système équitable. L’ensemble des droits sont redistribués, à 100%, en fonction des performances sportives mais avec des écarts de revenus limités. Ainsi, le Bayern réussit à récolter « seulement » 37 millions d’euros !

De son côté, le championnat anglais a adopté une logique de redistribution quasi-égalitaire concernant les droits de retransmission TV. Avec un championnat estimé à 1,2 milliard d’euros par an, les clubs perçoivent pratiquement la même somme quel que soit le classement final. Les inégalités entre le 1er le dernier vont de 1 à 1,4. Arsenal, en finissant 3ème, a touché 132 millions d’euros.

La logique économique voudrait donner le point aux Anglais, seulement on ne peut que récompenser le modèle allemand, capable de générer des ressources financières sans une trop forte dépendance aux droits TV. Nous décidons donc de partager les points.

Bayern Munich 3 – Arsenal 3

Valeur totale de l’équipe

D’après une étude du CIES, le centre international d’économie du sport, basé à Neuchâtel, en Suisse, le Bayern est la 8ème équipe la plus chère du monde et la première d’Allemagne avec une valorisation estimée à 337 millions d’euros.

Les économistes Suisses ont tout simplement sommé les valeurs de l’ensemble des joueurs achetés dans l’effectif. Avec 305 millions d’euros, Arsenal est cinquième de Premier League et neuvième d’Europe.

Le Bayern est devant, d’une courte tête.

Bayern Munich 4 – Arsenal 3

Fin du match

Les coéquipiers de Robert Lewandowski remportent le duel économique. Mais le match était serré ! D’ailleurs, les joueurs du Bayern voudront surement laver l’affront du match aller, où ils avaient été battus 2 à 0 par les Londoniens.

Si vous souhaitez prolonger la discussion, n’hésitez pas à solliciter Pierre Rondeau sur son compte Twitter.

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