fédérations sportives
Interview

« Le modèle de création de valeur des fédérations doit passer par les équipements »

La crise sanitaire va-t-elle profondément remettre en cause le modèle de fonctionnement des fédérations sportives françaises ? Alors que l’économie des fédérations reposait jusqu’à présent essentiellement sur les licenciés, certaines d’entre elles entreprennent d’importantes stratégies de diversification de leurs activités pour ne pas se laisser déborder par de nouveaux acteurs. Un mouvement qui pourrait s’accélérer en sortie de crise. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot, Ludovic Mariette, Mathieu Guyot et Guillaume Ragon, Consultants chez Sport Value, cabinet qui accompagne les acteurs du sport dans leurs recherches de financement, livrent leurs analyses sur la manière dont les fédérations sportives doivent faire pivoter leur modèle pour renforcer leur stratégie de développement. Propos recueillis par Anthony Alyce et Karim Ghariani.

Les activités des organisations sportives ont été lourdement affectées par la crise sanitaire au cours des douze derniers mois. Certaines fédérations sportives françaises sont-elles actuellement en danger financièrement ?

A court terme, et pour la plupart d’entre elles, ce n’est pas le cas. Trois raisons principales permettent aux fédérations de résister à cette crise : elles bénéficient des dispositifs de droit commun dont la généralisation de l’activité partielle, elles enregistrent une forte réduction de leurs charges en raison de la baisse d’activité et, enfin, la plupart des fédérations disposaient de réserves financières pour faire face à leurs obligations en cette période difficile. En revanche, la situation pourrait basculer si la crise sanitaire venait à perdurer encore plusieurs mois ou si les licenciés n’étaient pas au rendez-vous à la rentrée prochaine dans les clubs. Les fédérations exsangues financièrement pourraient alors fortement souffrir.

Une annulation des Jeux Olympiques de Tokyo 2021 mettrait-elle à mal financièrement les fédérations sportives françaises ?

Il faudrait étudier la question au cas par cas pour donner une réponse précise. Dans nos échanges avec les différentes fédérations, aucune d’entre elles nous a alertés sur un potentiel danger lié à l’annulation des Jeux Olympiques. En règle générale, les dotations redistribuées par le CIO représentent une part très marginale dans le budget des fédérations sportives françaises. Le CIO ne redistribue pas directement les recettes aux fédérations nationales. Les versements sont effectués auprès des fédérations internationales qui, elles-mêmes, se chargent de la distribution aux fédérations nationales en fonction de leurs propres règles. Enfin, même si les Jeux Olympiques de Tokyo venaient à être annulés, le CIO pourrait sans doute maintenir la redistribution d’une partie des sommes convenues grâce à ses importantes réserves financières.

En revanche, le modèle économique de certaines fédérations repose fortement sur l’organisation d’un à deux grands événements dans l’année. C’est le cas par exemple pour la Fédération Française de Tennis dont le modèle est fortement dépendant de Roland-Garros. Organiser plusieurs éditions du tournoi en mode dégradé grèverait significativement les comptes de la Fédération

Plusieurs fédérations ont mis en place ces derniers mois des plans de soutien pour venir en aide à leurs clubs affiliés. Des fédérations qui, pour la plupart d’entre elles, ont préféré puiser dans leurs fonds propres pour financer les différentes actions plutôt que de recourir à des PGE. L’accès aux prêts garantis par l’Etat est-il facile pour les fédérations sportives ? Pourquoi n’ont-elles pas recours plus systématiquement à un tel dispositif ?

« Le modèle de création de valeur des fédérations doit passer par les équipements »
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